Minecity : création d’une ville du Mieux habiter

Origine et mise en place du Projet Minecity

Voici comment Sandrine Descombes raconte le début de cette aventure :

« Une demande de la DANE de Dijon est à l’origine de ce projet. En effet, Jonathan Tessé, après avoir vu le projet de visite d’un champ de bataille sur la première guerre mondiale réalisé par mes cm2 avec Minetest, m’a demandé de participer à une expérimentation. Il souhaitait montrer que Minetest est un outil et même un serious game qui peut permettre la collaboration inter classes.

Emballée par le projet, je lui soumets l’idée de la réalisation d’une ville moderne à plusieurs classes. Je jette les bases et je propose le projet à  Amanda Maurice et Julien Crémoux. « 

 

Une fois le projet lancé grâce à l’inscription au dispositif des Savanturiers, à l’école de la Recherche, et le suivi technique assuré par la DANE Dijon, nous avons réfléchi à la mise en œuvre pratique et pédagogique dans nos classes.

L’idée lancée en septembre 2017 était de se partager la ville en 3 quartiers équivalents que chaque classe aménagerait en fonction de son travail de recherche.

Durant cette phase, un moment important de la démarche des Savanturiers a eu lieu : la mise en binôme d’une classe avec un chercheur en géographie, le mentor.

En octobre, nous avons participé à une formation à Lyon sur ce sujet et cela a été l’occasion d’échanges riches pour trouver un mentor mais aussi pour réfléchir aux bases du projet Minecity. A cette occasion, les discussions avec les chercheurs nous ont amené à voir différemment la répartition de notre travail à 3 classes en se partageant non pas la ville, mais plutôt les domaines d’expertise de cette future ville du « Mieux Habiter ».

Après quelques jours de discussions et de réflexions, nous avons décidé de nous partager les 4 piliers de notre ville de la manière suivante :

– la classe de La Chapelle de Guinchay travaillerait sur la thématique de l’énergie

– la classe d’Azé sur celle de la place du Vivant et des déchets

– la classe de Nuits-St-Georges sur le thème des transports.

Le 4e point essentiel, celui des bâtiments, serait dès lors travaillé par chaque classe.

Durant l’année, nous avons aussi pu bénéficier de 2 journées de travail en commun, accompagnés par l’Académie qui nous a permis d’être déchargés de classe à chaque fois et de travailler avec des personnes de la Dane ou des conseillers pédagogiques liés au numérique.

Lors de cette première journée en novembre 2017, nous avons validé définitivement cette organisation en fixant les bases concrètes de notre ville sur Minetest (ville carrée de 7kms de côté, ville de 300 000 hab, prise en compte des données géographiques de la carte,…) mais aussi de se répartir les constructions à venir des bâtiments publics.

 

 

Lancement du projet dans les classes

Dès septembre, nous avons prévu la mise en route de ce projet dans chaque classe de manière variée. La classe de Nuits-St-Georges a travaillé avec des intervenantes dijonnaises sur la définition de la ville, ses fonctions et ses caractéristiques principales en s’intéressant à l’organisation concrète de leur petite ville de 6000 habitants. Grâce à la découverte de la ville et un travail sur des plans, les élèves ont pu appréhender la répartition des fonctions (habiter, travailler, consommer, et place de la nature) et le rôle crucial de l’organisation des transports.

Puis, l’annonce du projet final de construction sur l’année d’une ville du « Mieux Habiter » a été faite à l’aide d’une petite enquête aboutissant à la découverte d’une vidéo façon « Mission Impossible ». Les élèves se sont alors investis pleinement dans cette aventure en faisant souvent référence à l’idée de Mission.

A Azé, les élèves ont également découvert le projet via la Mission Impossible de Julien, qui a déclenché chez eux une multitude de questions auxquelles il a fallu répondre :

Construire une ville ? Une vraie ? Mais comment ?

C’est quoi, Minetest ?

Pourquoi avec d’autres classes ? Et pourquoi nous ? Mais tu penses qu’on va y arriver ?!

Il a donc fallu “déblayer le terrain” ensemble, afin d’y voir plus clair et de se lancer véritablement dans l’aventure…

A la Chapelle de Guichay, le début du projet n’a pas été celui prévu puisqu’ayant parlé aux parents lors de la réunion de rentrée de l’outil que nous allions utiliser, certains élèves avaient déjà installé et commencer à prendre en main minetest. Donc pas de vidéo pour la classe mais une grande motivation.

Nous avons alors réactivé les notions sur la ville à travers l’observation de notre commune La Chapelle de Guinchay et d’une ville plus grosse Mâcon.

Nous avons pu faire apparaître les points communs de ces villes (infrastructures, mobiliers urbains…) et leurs particularités ( équipements qui varient en fonction de la taille, organisation adaptée au relief…)

 

Mise en œuvre de la démarche à l’école de la recherche

La particularité d’intégrer la démarche des Savanturiers a été de faire vivre aux élèves les étapes d’une démarche scientifique pour réaliser Minecity. En tant qu’enseignant, nous connaissons cette démarche et pouvons la mettre en œuvre périodiquement mais pas nécessairement de manière très rigoureuse. L’intérêt ici a été de proposer aux élèves d’être des chercheurs et donc de vivre toutes les étapes sachant qu’il pourrait y avoir des succès mais aussi des échecs, des avancées ou des stagnations sur des parties de la démarche. Cela a été très riche pour eux mais aussi très intéressant pour nous, enseignants d’accepter de ne pas tout gérer et que le chemin ne soit pas tout tracé dès le départ.

Chaque classe a donc démarré en listant toutes les questions qui se posaient sur la ville du « Mieux habiter » et plus particulièrement sur les 2 thèmes qu’elles avaient en responsabilité.

Les connaissances antérieures des élèves et les différents travaux préliminaires du début d’année ont favorisé l’émergence de nombreuses questions qui ciblaient parfaitement tous les enjeux de cette création d’une nouvelle ville.

Puis un point a été plus complexe à concrétiser dans les classes, le fait de passer de questions à une problématique. Chaque classe a essayé de trier les questions en lien avec les thèmes choisis pour résumer tout cela en une seule question synthétisant les points essentiels à développer dans le travail de recherche. Après plusieurs essais, différentes problématiques sont apparues et chaque classe les a partagées avec les autres pour les aider.

 

Hypothèses-Choix des classes dans le cadre de la réalisation de la ville

Une fois les problématiques proposées, chacune des classe a mis en œuvre différentes actions pour pouvoir y associer des hypothèses puis des réponses.

La classe de Nuits s’est appuyée sur une sortie-observations dans un écoquartier de Dijon, une ville comparable par la taille à celle de Minecity. Afin de réfléchir à la problématique des transports, les élèves avaient organisé leur trajet depuis l’école jusqu’au quartier Junot à Dijon. Cela leur a permis de voir les choix faits dans cette ville en terme d’infrastructures (quels types de transports collectifs, quelles lignes,…) mais aussi au niveau de l’usage au quotidien (accès, horaires…). Pour la sortie, un protocole d’observation a été mis en place afin de recueillir un maximum d’informations sur les bâtiments (fonctions, architecture et matériaux) mais aussi les transports (organisation des rues, mobilier urbain, pollutions, place de la nature). Les élèves étaient répartis en groupe et devaient durant cette sortie noter, photographier ou mesurer tout ce qui pouvait traiter du domaine précisé.

Tous les éléments observés ont ensuite fortement inspiré les choix des élèves dans les hypothèses qui ont été formulées par la suite.

Les Cm2 de la chapelle se sont aidé du travail fait en sciences par une collègue sur les énergies. Les élèves avaient déjà des notions et les ont utilisées pour émettre leurs hypothèses:

Notre ville pourra fonctionner à

l’énergie solaire : les panneaux photovoltaïques
l’énergie éolienne : les éoliennes
l’énergie hydrolienne : les hydroliennes

 

Travail de recherche

Les hypothèses posées, chaque classe a entrepris un travail de recherche varié pour essayer de les concrétiser de 2 manières : dans le monde virtuel de Minecity mais aussi dans l’idée que ce projet pourrait être réalisé pour de vrai.

Ainsi, les élèves de la classe de Nuits-Saint-Georges ont entrepris de réaliser une enquête auprès de futurs habitants pour déterminer les besoins en stations de vélo, parking, arrêt de tram, rames ou bien véhicules en partage.

Ils ont rédigé des questions qui ont été mises dans un formulaire en ligne envoyé aux familles de leur école mais aussi aux familles des classes d’Azé et de la Chapelle de Guinchay.

Les résultats ont ensuite été transformés pour correspondre à 300 000 habitants puis des recherches documentaires ont permis de chiffrer le coût Transport de Minecity.

En parallèle, ils ont aussi réfléchi à la concrétisation du projet en développant une application mobile qui permettrait aux habitants ou visiteurs de la ville de se déplacer aisément en fonction des besoins. Ils ont conçu les différentes pages de cette application en se concentrant à chaque fois sur ce qui est utile dans les déplacements des habitants.

Les élèves de La Chapelle de Guinchay ont entrepris leur recherche en classe tout d’abord avec des documents qu’ils avaient amenés et des documents demandés auprès d’agence de production d’énergie. 2 groupes travaillaient sur chaque énergie mais lors de ces recherches, un groupe à découvert un nouvel outil de production sur lequel il a voulu travailler : le barrage.

Il a fallu également mener des enquêtes téléphoniques afin de récolter des données manquantes auprès de mairie, de concessionnaires, de sociétés de transport : Recherches plus ou moins couronnées de succès !

 

Constructions

Avant la construction sur la carte du serveur de notre ville, il a fallu que les élèves s’approprient l’application Minetest.

Ainsi, dès novembre, ils ont commencé à prendre en main Minetest en réalisant une première mission de construction, présentée elle aussi sous forme de vidéo « Mission Impossible » .

Ils devaient construire à 2 une petite maison en y incluant des éléments obligatoires (1 porte, 2 fenêtres, un toit, une barrière autour, …).

Cela a été l’occasion pour eux de prendre en main les possibilités de constructions avec Minetest mais aussi tout le lexique spécifique de ce jeu.

Voici le travail réalisé par une des classes

Ensuite, lors du travail de recherche, les élèves ont aussi réfléchi à la réalisation en ligne de leur ville et ils ont commencé par dessiner les bâtiments ou rues en respectant les hypothèses définies.

Le travail s’est fait sur des feuilles quadrillées de carreaux de 5mm qui représentaient ainsi un cube dans Minetest.

Dès lors, la construction en ligne s’en est trouvée simplifiée puisque les plans permettaient la vérification par l’enseignant avant construction mais aussi facilitait la construction d’un même bâtiment à plusieurs élèves.

Chaque classe s’est organisée selon ses possibilités pour que les élèves puissent construire le ou les bâtiments dont ils étaient les concepteurs. Généralement, cela fonctionnait sous forme d’ateliers tournants où les élèves venaient à tour de rôle se mettre à modéliser via le serveur académique.

 

Collaboration élèves

Un des aspects envisagés au départ du projet était de permettre aux élèves de collaborer pour réussir à réaliser ce projet impossible à faire par une seule classe.

Cette collaboration a été importante et riche et nous a même étonnés.

Ainsi, ayant chacun une twittclasse, nous avons naturellement envoyé des messages via les comptes classe aux 2 autres classes pour montrer le travail accompli en classe. Cela a été très utile dans la partie démarche scientifique des Savanturiers pour aiguiller les autres ou donner des exemples, les élèves découvrant les démarches des autres, ils s’investissaeint plus dans le travail proposé.

En outre, voyant le temps passer assez vite en début de 3e trimestre et n’ayant que peu construit notre ville, il est apparu nécessaire de proposer aux élèves de pouvoir construire depuis chez eux. Après réfléxion et la mise en place d’une information et autorisation aux familles, les élèves pouvaient se connecter et construire quand ils le voulaient. Nous avions quelques craintes sur le fait que certains puissent en profiter pour aller casser des choses réalisées par d’autres mais c’est le contraire qu’on a pu observer. Régulièrement, en fin de journée ou le weekend, nous voyions plusieurs élèves des différentes classes travailler ensemble sur la construction. Au départ, ils utilisaient le tchat du jeu pour se présenter puis rapidement un élève bloqué pouvait demander un conseil technique sur sa modélisation.

Au final, la collaboration mais aussi la coopération entre élèves est passée par différentes phases comme l’aide, l’entraide voire le tutorat au sein des classes.

 

Collaboration entre enseignants

Ce projet a été une première pour nous enseignants dans de nombreux domaines, découvrant à la fois la démarche des Savanturiers mais aussi l’application Minetest (pour Amanda et Julien en tout cas).

Mais cela a surtout été une occasion unique de partager à 3 tous ces moments.

En nous lançant, nous voyions bien le chemin à parcourir en terme de finalité du projet et aussi de la démarche mais l’aspect collaboration entre nous, enseignants, était un pas plus grand vers l’inconnu.

Nous n’avions pas par contre prévu tout ce que cela aurait pu nous apporter. En effet, il a fallu se concerter régulièrement lors de 5 rencontres réelles dont 2 journées de formation généreusement proposées par notre académie. Ces moments ont été essentiels dans les choix d’orientation du projet mais aussi les décisions à prendre ou ajustements à faire. Ils ont permis, en discutant longuement, de planifier le travail général du projet et de fixer le cap. Ainsi, les décisions étaient mûrement réfléchies et le fruit d’un consensus.

Mais , il a fallu aussi s’informer quasiment quotidiennement des avancées, petits problèmes techniques ou travaux mis en oeuvre pour éviter les soucis d’une collabotation à 75 élèves sur un lieu de construction unique.

Au final ce projet a été une aventure extraordinaire pour nos élèves mais aussi pour nous qui avons eu aussi la chance de pouvoir le présenter à d’autres enseignants lors de Ludovia15.

 

 

Proposition de présentation

Dans le cadre du projet Savanturiers, nos classes se sont rencontrées à l’occasion d’un congrès réunissant plusieurs autres classes, chacune présentant sa démarche et son travail. Ainsi, les élèves ont conçu des textes explicatifs du projet pour en faire un diaporama. Puis, afin de faire découvrir cette ville au public, aux autres élèves, mais aussi aux familles, une carte interactive a été conçue (sur papier avec des Qr Codes et des Mirages ) mais aussi dans le diaporama que nbous avons ensuite réalisé pour Ludovia.

Voici les créations liées au projet et qui permettent de mieux le comprendre et pourquoi pas de se lancer dans Minetest.

Emission de webradio faite à cette occasion

Chaine Youtube : dans le cadre du projet utilisant, nous avons créé des tutoriels pour les élèves afin de prendre en mai Minetest. Ce sont parfoisles élèves eux-mêmes qui ont élaboré ces vidéos explicatives. Sachez que si vous vous lancez, vous pouvez contribuer à cette chaine sans aucun problème. Il y a aussi un livre collaboratif sur l’utilisation de Minetest .

Genially de présentation du projet lors de Ludovia15 avec tous les éléments de la recherche, de construction, de collaboration et de présentation.
Cliquez sur l’image pour accéder au diaporama

Cliquez sur le tweet pour voir 40 min de vidéo de la présentation faite avec ce diaporama à Ludovia15 !

Merci à Fred pour la vidéo !!!!

 

 

Voici  la carte interactive  qui vous permet de découvrir toutes les composantes modélisées par les élèves .